Les acouphènes

COMMUNICATION

Les acouphènes

Rôle de l’Audioprothésiste dans le cadre d’une équipe pluridisciplinaire
Résumé d’une conférence donnée par Pierre GRIGNARD

Assises Nationales O.R.L. de CLERMONT FERRAND novembre 1998

I -: IMPORTANCE DU PROBLEME:

8% de la population est gênée par les acouphènes. 2% ne les supportent pas. Une prise en charge importante est indispensable.

II -: RÔLE DE L’O.R.L. :

L’acouphène est un symptôme et non une maladie :

Après avoir consulté un généraliste, le patient va bénéficier des examens otologiques nécessaires. Après analyse des résultats des explorations fonctionnelles, l’O.R.L. prodigue au patient les informations, les conseils et les stratégies adaptées. Il s’agira principalement de traitements : médicaux, vasculaire, anti-dépresseur, anti-épileptique, etc…parfois chirurgie. Dans cet exposé, le rôle de l’O.R.L. ne sera pas développé mais son intervention préalable est incontournable.

Notre expérience nous montre que les résultats sont malheureusement décevants dans bien des cas, et que bien souvent, les patients enregistrent ECHEC sur ECHEC ; ils s’entendent dire parfois : “Il faut vivre AVEC”, mais alors, ils le vivent comme un “Supplice chinois”. *

III -: LA TINNITOMETRIE®

III-1- : OBJECTIF : Dans le cadre de la technique Tinnitométrie®, l’objectif est de soulager le patient de sa gêne acouphénique. Celle-ci est évaluée à l’aide d’une échelle visuelle analogique graduée de 0 (pas d’acouphène) à 10/10 (acouphène insupportable

On considère que l’acouphène est la conséquence d’une association de plusieurs dysfonctionnements.

L’objectif va être de supprimer tout ou partie de ces dysfonctionnements

Notre hypothèse est fondée, entre autres, sur une mise en résonance anormale de la membrane basilaire, mouvement oscillatoire anormal.

Notre technique consiste donc à rétablir la fonction auditive au niveau supraliminaire en adaptant des aides auditives classiques. Par contre, les réglages et l’adaptation seront différents de l’appareillage auditif traditionnel, puisque l’objectif premier est de protéger le système auditif et neutraliser le phénomène de résonance, sans le relancer .

Parallèlement, le patient sera confié à un ou plusieurs autres praticiens (ostéopathe, sophrologue, optométriste, dentiste, podologue,…) pour rétablir les autres dysfonctionnements.

En effet, nous avons observé que les résultats avec la neutralisation d’acouphène seule étaient de l’ordre de 75 % de patients soulagés alors que lorsque l’on associe les autres thérapies, les résultats dépassent 85% de cas soulagés.

L’un des rôles principaux de l’audioprothésiste sera de dédramatiser la situation. En effet, les patients acouphèniques ayant subi un certain nombre d’échecs n’osent plus croire à une solution possible pour les soulager. Par les explications complètes et précises sur notre intervention et nos objectifs, nous arrivons à un climat de confiance propice à l’application de la technique et l’implication du patient lui-même.

III-2-: LES COMPOSANTES DE L’ACOUPHENE:

Nous sommes en présence de mécanismes PHYSIO-BIOLOGIQUES et PSYCHOLOGIQUES. Comme dans l’étude de la douleur, on retrouve les mêmes composantes que dans l’acouphène :

  • 1/ Composante sensorielle : traitée par un appareillage auditif spécifique
  • 2/ Composante comportementale : traitée par sophrologie, ostéopathie, prises en charge posturale, visuelle, A.T.M., etc…
  • 3/ Composante affectivo-émotionnelle : traitée par la respiration, prise en compte de la dépression réactionnelle
  • 4/ Composante cognitive : traitée par sophrologie, dédramatisation de l’acouphène, attitude positive de l’équipe thérapeutique, suppression des “faux concepts”, intégration de l’entourage familial.

C’est pourquoi la prise en charge Tinnitométrique doit être multidisciplinaire et holistique, et chaque cas est UNIQUE.

III-3-:NOTRE HYPOTHÈSE:

Phénomène de résonance de l’oreille interne

+ Action sur le système limbique et réticulaire

+ Perception
Þ Interprétation Þ Réactions

+ Auto-entretien ou aggravation par toutes les tensions

+ Mémorisation

III- 4-: INTERACTIONS ENTRE LES DIFFÉRENTS SYSTÈMES( selon les travaux de JASTREBOFF)

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Jastreboff a réalisé une étude sur le comportement animal. Il a extrapolé à l’homme les résultats obtenus et imaginé les réactions en boucle qui expliquent, en partie, les incidences successives et interactives des actions des différents systèmes.

D’où l’importance d’une équipe pluridisciplinaire dont l’organigramme suivant indique la composition :

III-5-: COMPOSITION ET FONCTIONNEMENT D’UNE EQUIPE TINNITOMÉTRIQUE®

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III-6-: MISE EN ÉVIDENCE D’UNE INHIBITION RÉSIDUELLE TINNITOMÉTRIQUE®

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Légende :

les niveaux de gêne subjective sont exprimés par rapport à une échelle analogique graduée :
de 0/10 = pas de gêne
à 10/10 = insupportable, invivable
en A= niveau avant intervention
en B= niveau après intervention
en C= niveau après retrait des appareils
puis = niveau de gêne estimée toutes les 30”
Nous rappelons que chaque mesure est estimée dans le silence.

IV-: EXEMPLES D’APPLICATION

Trois cas extrêmes illustrent les possibilités de La Tinnitométrie®

IV-1-: CAS N°1

Monsieur H…, 37 ans – Septembre 1995

Baro-traumatisme en 1983 – traitements hyperbare, perfusions, vasodilatateurs, etc…
Acouphène constant, gêne estimée entre 6/10 et 10/10 sur l’échelle de gêne subjective.
PEA normaux, vertiges.
Après prise en charge et réalisation d’un appareillage gauche, l’acouphène est totalement neutralisé.

AUDIOGRAMME DE Mr H.

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Inhibition Résiduelle tinnitométrique® de Mr H.

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IV-2-: CAS N°2

Madame F…, 48 ans – Mai 1996

Apparition des acouphènes OD & OG après la mort d’un parent. Suivent des traitements médicaux traditionnels: vasodilatateurs, oxygénateurs… puis essais d’autres traitements: Psychologie, relaxologie, acupuncture, médecine énergétique, etc… Madame F. a subi les explorations fonctionnelles complètes.
Essais de générateurs de bruit blanc non supportés.
Depuis deux ans, acouphène constant, gêne estimée entre 7 et 10/10 sur l’échelle de gêne subjective.
Après prise en charge, un appareillage bilatéral est réalisé. Les acouphènes sont totalement neutralisés.
l’hypersensibilité aux bruits est supprimée.

AUDIOGRAMME DE Mme F.

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Inhibition Résiduelle tinnitométrique® de Mme F.

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IV-3-: CAS N°3

Madame P…, 70 ans – Décembre 1997

ANAMNESE : Cophose totale à droite, sub-cophose à gauche
Antécédents médicaux :
Plusieurs accidents de la circulation (coup du lapin) Arthrose cervicale, lombaire, dorsale. Problème d’articulé dentaire, de nombreux traitements médicaux dont : pénicilline et streptomycine en 1991 pour une grippe, vasodilatateurs, oxygénateurs et fluor.
Acouphène depuis 1984 variable de 7 à 10/10 sur l’échelle de gêne subjective, avec aggravation brutale (décembre 1997 à 10/10 en permanence). Vertiges.
Baisse de la gêne dans le cas d’une fixation de l’esprit (ex: mots croisés)
augmentation de la gêne tous les matins 15 à 20 minutes après le lever, augmentation si ambiance calme, si fatigue, si stress, après un voyage en voiture.
Madame P. n’utilise que la lecture labiale .Elle est repliée sur elle même
Après prise en charge lourde, un appareillage auditif spécifique est adapté : l’acouphène passe de 10/10 à 2/10 sur l’échelle de gêne subjective.

AUDIOGRAMME DE Mme P. Inhibition

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Résiduelle tinnitométrique® de Mme P.

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IV-4-: CONCLUSION SUR CES TROIS CAS :

Des cas otologiques et audiométriques très différents, extrêmes, n’entravent pas la mise en œuvre de la technique Tinnitométrie® .

V-: CONCLUSIONS

Après prise en charge médicale O.R.L., une prise en charge Tinnitométrique® incluant : anamnèse, questionnaire complet spécifique, utilisation d’une échelle analogique d’évaluation de la gêne subjective, peut-être conduite. Elle permet d’apporter au patient une assistance par des explications, des conseils, un appareillage spécifique, une prise en charge des différents dysfonctionnements par une équipe pluridisciplinaire motivée dans le cadre d’une relation “patient – équipe” de qualité. L’accompagnement familial est fortement recommandé. L’implication du patient est incontournable.